Contrairement aux idées reçues, la pratique du blanchiment dentaire est encadrée. Remontons aux origines de la réglementation européenne en la matière.

1. Origines de la réglementation européenne

Le blanchiment dentaire vient essentiellement des Etats-Unis où la liberté est souvent de mise. Quand cette pratique a traversé l’Atlantique pour arriver en Europe au début des années 2010, un nombre très important de bars à sourire a vu le jour.

Mais avec ces ouvertures, de nombreux excès ont été constatés. Le principal reproche qui était fait notamment par les dentistes était le fait que des personnes sans aucune étude de médecine pratiquaient des soins en intervenant directement dans la bouche des clients. Il faut reconnaître que les gels utilisés avaient des dosages parfois très importants en peroxyde d’hydrogène et que la santé des clients pouvaient en être très fortement fragilisée. En effet, un mauvais usage des produits peut entraîner une altération définitive de l’émail mais aussi des dents fêlées ou abîmées ou encore des gencives inflammées ou brûlées. Souvent les dégâts sont d’ailleurs irréversibles.

Devant cette situation, l’Union Européenne a décidé de légiférer et d’encadrer la pratique du blanchiment dentaire.

2. Contenu de la réglementation

Plus précisément, ce qui est encadré, c’est l’usage du gel de blanchiment dentaire en fonction de sa concentration en peroxyde d’hydrogène. Rappelons que le peroxyde d’hydrogène est l’agent blanchissant contenu dans les gels.

Concrètement, voici le contenu de la directive européenne de 2011 qui s’appelle la directive 2011/84/UE : on distingue 3 catégories de produits de blanchiment ou d’éclaircissement :

– Les produits de blanchiment qui contiennent une concentration en peroxyde d’hydrogène ne dépassant pas les 0.1% sont autorisés en vente libre. Cela signifie que les particuliers peuvent se procurer des gels de blanchiment dentaire à 0.1% de peroxyde. Cela signifie aussi que les instituts de beauté et les esthéticiennes sont autorisés sans aucune restriction à pratiquer le blanchiment dentaire avec des gels à 0.1%.

Les produits de blanchiment dentaire qui ont une concentration comprise entre 0.1% et 6 % de peroxyde d’hydrogène sont conformes aux normes européennes. Mais ils doivent être utilisés par des professionnels de santé donc des dentistes. Ils peuvent être prescrits aux patients pour une poursuite de soins initiés en cabinet dentaire. Les patients doivent alors respecter à la lettre le protocole prescrit par leur dentiste. L’objectif est de garantir un niveau de sécurité dans l’utilisation de ces produits à domicile. Cela signifie donc que les gels qui ont une concentration supérieure à 0.1% de peroxyde d’hydrogène ne peuvent pas être utilisés par les instituts de beauté et les esthéticiennes.

– Enfin les produits dont la concentration en peroxyde d’hydrogène est supérieure à 6% sont interdits dans l’Union Européenne à des fins cosmétiques.

Dans certains Etats, ils peuvent être reconnus comme dispositifs médicaux. Quoiqu’il en soit, quand ils sont autorisés, ils sont réservés exclusivement à des fins thérapeutiques et seuls les dentistes peuvent s’en procurer.

3. Interprétation de la réglementation

En résumé, cette directive européenne a pour objectif :

– de protéger au maximum la santé des consommateurs en évitant la mise sur le marché de produits dangereux ;
– de permettre aux dentistes de conserver la pratique d’un blanchiment dentaire avec des gels plus fortement dosées à 6% de peroxyde d’hydrogène ou 16% de peroxyde de carbamide. Sachez aussi que le dentiste a la capacité de réaliser un premier soin dans son cabinet et ensuite de prescrire une poursuite de soin au domicile du patient. Sous sa supervision, un patient peut donc utiliser un gel à 6% de peroxyde d’hydrogène ;
– de permettre de pratiquer le blanchiment dentaire cosmétique avec un gel à 0.1% de peroxyde d’hydrogène sans condition particulière.

Cette réglementation a entraîné la fermeture de nombreux bars à sourire qui ne respectaient pas ce cadre.

Mais l’explosion des réseaux sociaux entraîne malheureusement toujours des dérives avec des pratiques illégales et dangereuses comme l’usage de gels à 35% voire plus de 40% de peroxyde d’hydrogène.

La répression de la concurrence et des fraudes multiplie les contrôles pour dissuader ce type de pratiques et permettre aux professionnels d’exercer légalement et en toute sécurité.